Retracer la vie de Murasaki Shikibu (974 (?) - ?) relève parfois du jeu de pistes tant les informations disponibles sont fragmentaires. Cette dame de l’aristocratie a cependant laissé un héritage lui assurant une postérité éternelle : le Dit du Genji, considéré comme le premier roman psychologique de l’histoire de l’humanité, témoignage de la voix et de l’imagination d’une femme brillante.
Tous les extraits narrés à la première personne insérés dans cet article viennent du Journal de Murasaki Shikibu traduit par René Sieffert.
Murasaki Shikibu, (1876), Tsukioka Yoshitoshi (1839-1892)
Une fille d’aristocrates
Murasaki Shikibu nait dans une famille de la moyenne aristocratie de l’ère Heian. Sien est un monde où les dames de haut rang ne montrent leur visage qu’à leurs proches et se dissimulent le reste du temps derrière des stores. Ces femmes héritent, possèdent leurs propres maisons, mais doivent supporter les aléas de mariages polygynes. Le thème de l’épouse délaissée, de la femme qui attend, est d’ailleurs fréquent dans la littérature de cette époque. Une certaine liberté de mœurs leur est néanmoins concédée, elles ont le droit d’avoir des amants à condition de rester discrètes. Il est donc impossible d’évoquer, comme l’ont fait certains, une « polygamie réciproque ».
La naissance d’une fille est souvent plus célébrée que celle d’un garçon car elle est la promesse d’une belle alliance matrimoniale. Les dames sont instruites mais n’ont que peu d’influence sur la politique et se consacrent aux arts, à la musique et à la poésie. Le chinois étant la langue des hommes et donc du pouvoir, le japonais donc relégué aux femmes. C’est ainsi que de nombreuses femmes de lettres vont s’en emparer pour produire des chef-d’œuvres. Il est ainsi possible de citer la mère Michitsuna (936-995) et son Journal d’une éphémère, Sei Shônagon (965 ( ?)- ?) et ses Notes de chevet ou encore la poétesse Izumi Shikibu (fin du Xèmesiècle- ?) et la biographe Akazome Emon (956-1041).
Dans le cas de Murasaki, le nom qui nous est parvenu n’est en réalité qu’un sobriquet (yôbina) utilisé à la cour. Il s’agit d’une référence à Murasaki (grémil), l’un des personnages de son roman, et à la fonction exercée par son père : Directeur adjoint au Département des Rites soit « shikibu-shô ». Elle est aussi appelée dans certaines sources Tô Shikibu. « Tô » est la lecture chinoise du premier caractère du nom de sa famille, les Fujiwara. « Fuji » signifie « glycine ». Le prénom de naissance de Murasaki Shikibu est inconnu. Une source de la période fait référence à une certaine Fujiwara no Takako (dont le nom peut aussi être lu Kyôshi ou Kaoriko) en service à la cour. Il est possible qu’il s’agisse de Murasaki, cependant rien ne permet de l’affirmer avec certitude.
Sa date de naissance fait l’objet des mêmes spéculations. Il est théorisé qu’elle avait trente-sept ans en 1010, compte tenu de la façon dont elle écrit dans son journal. Cet âge était en effet considéré comme un cap périlleux pour les femmes de l’époque. Beaucoup de personnages de son roman y succombent d’ailleurs ou manquent de mourir pendant leur trente-septième année. Dans ce cas, Murasaki serait née en 974. D’autres hypothèses existent et englobent une période allant de 970 à 978.
La jeune lettrée
Une partie de l’enfance de Murasaki est connue grâce à son journal. Désireuse de s’instruire au-delà de la sphère féminine, elle écoute les leçons de chinois de son frère, Nobunori et s’y montre meilleure que lui, au grand désespoir de son père. Ce dernier, Fujiwara no Tametoki, est issu d’une branche cadette d’une puissante famille. S’il n’est pas politiquement éminent, il est un lettré très réputé. Murasaki a donc dû grandir entourée de livres. En plus de tout cela, elle apprend les poèmes et récits que toute femme éduquée doit connaître et c’est sans doute également pendant cette période qu’elle apprend à jouer de la cithare (koto), compétence que toute femme bien née se devait de maîtriser. Le fait qu’elle ait été élevée chez son père est très inhabituel pour l’époque. Les hommes ayant souvent plusieurs épouses auxquelles ils rendaient visite, les enfants vivaient généralement avec leurs mères, ce qui peut laisser penser que celle de Murasaki n’était plus de ce monde.
« Lorsque mon frère le Directeur Adjoint aux Rites, encore enfant, lisait des écrits chinois, j’avais coutume d’écouter, et même aux endroits sur lesquels il trébuchait ou qu’il avait oubliés, moi, curieusement, je comprenais tant et si bien que notre père, qui était féru de lettres chinoises, passait son temps à soupirer : « C’est malheureux tout de même ! Quel dommage qu’elle ne soit pas née garçon ! »
Cela dit, à force d’entendre les gens proclamer que, même pour un homme, faire étalage de savoir était d’un goût détestable et ne menait à rien, je me suis bien gardée de tracer fût-ce le caractère « un », tout en déplorant cette défaite. »
Elle connaît également l’épreuve du deuil à la mort de sa grande sœur et envoie alors un poème à une connaissance, probablement une cousine germaine dont la petite sœur est décédée. Cependant, les deux correspondantes se retrouvent éloignées l’une de l’autre.
Aux ailes de l’oie
Qui s’envole vers le nord
Confiez vos lettres
Que par les nues vos écrits
Jamais ne cessent d’affluer
(Poème envoyé par Murasaki à sa correspondante)
Il est possible que cet événement soit survenu en 996 lorsque le père de Murasaki reçoit enfin un poste officiel et est nommé gouverneur de la province d’Echizen. La jeune femme l’accompagne pendant ce voyage et revient vers 998 à Kyoto pour y rencontrer son futur époux, Fujiwara no Nobutaka, lequel a une vingtaine d’années de plus qu’elle. Murasaki, qui a environ vingt-quatre ans, se marie très tardivement pour l’époque. Elle donne naissance à une fille en 999. Cette union ne dure pas et Nobutaka meurt en 1001 alors qu’il se trouvait en voyage dans la province de Bunzen.
Elle mène alors la vie calme d’une veuve bien née. Ses serviteurs gérant sa maison et s’occupant de sa fille unique, Murasaki a tout le loisir d’étudier et notamment de lire de la poésie, en plus de ses activités d’écriture.
Murasaki Shikibu, Tosa Mitsuki (1617-1691)
Une romancière à la cour
C’est alors que Murasaki commence à écrire son grand roman, le Dit du Genji. Elle a peut-être d’abord partagé ses écrits avec un cercle de proches et son audience s’est ensuite élargie. C’est sans doute ce succès qui lui vaut d’être remarquée par Fujiwara no Michinaga (966-1028), père de l’impératrice Sôshi (aussi connue sous le nom d’Akiko) (988-1074) et plus puissant homme de la cour. Celui-ci souhaite en effet entourer sa fille des dames les plus lettrées, comme ce fut le cas pour l’impératrice Teishi (977-1001), l’autre épouse de l’empereur Ichijô, que servit Sei Shônagon.
Murasaki prend son poste à la cour en 1006. Cette période de sa vie est la plus documentée, notamment grâce à son journal, dans lequel elle chronique majoritairement des évènements de la vie du palais, notamment la naissance du fils de l’impératrice et y trouve de l’inspiration pour ses propres écrits. De par son poste, elle participe à l’organisation de toutes ces festivités et est donc aux premières loges pour les décrire.
« Des yeux je parcours le dedans des stores : celles à qui les couleurs sont permises portent, avec l’habituelle robe à la chinoise verte et rouge, la traîne imprimée sur fond uni et le surtout de tissus uniformément brun-rouge ; (…) Les robes de dessus de soie souple évoquent un mélange de feuilles d’automne foncées ou claires, et dessous elles portent comme d’habitude du jaune fondé ou clair, de l’aster rose ou du chrysanthème à doublure verte. »
Néanmoins, Murasaki semble avoir été malheureuse à la cour. Elle n’apprécie pas les festivités ni le comportement des hommes.
« Le Capitaine de la Garde des Portes de la Gauche glisse un coup d’œil « S’il vous plaît, le « jeune grémil » (wakamurasaki en japonais, en référence à l’une des héroïnes de son roman) serait-il dans les parages ? ». Je l’écoute et me tiens coite : je ne vois là personne qui puisse se comparer au Genji, comment à plus forte raison cette dame y serait-elle ?
(…)
Jugeant que la beuverie de cette nuit pouvait prendre un tour fâcheux, dès la fin du banquet, je me concerte avec dame Saishô et nous nous disposons à nous éclipser, quand dans la salle de l’Est les fils de Monseigneur, font irruption en menant grand bruit ; nous nous dissimulons donc toutes derrière les rideaux, mais Monseigneur (le père de l’impératrice) les écarte, nous saisit l’une et l’autre et nous fait asseoir : « Composez-moi chacune un poème et je vous tiens quitte », dit-il. Fort ennuyée et effrayée, je compose ceci :
Comment pourrait-on
Oui comment les dénombrer
Les longues années huit mille
et bien plus encore
Qui attendent notre Prince
« Ha ha ! voilà qui est bien tourné ! », s’écrie-t-il, et par deux fois il se le récite, puis du tac au tac :
S’il m’était donné
De vivre autant que la grue
Qui hante les roseaux
Je pourrais du moins compter
Milles années de notre Prince »
« J’entre dans la troisième chambre du passage couvert et je m’étends quand dame Koshôshô vient m’y rejoindre, et tout en nous répandant une fois de plus en propos désabusés sur les désagréments de notre condition, nous nous débarrassons de nos robes froissées (…) »
De plus, elle fait face à des moqueries quant à sa maîtrise du chinois. La cour est en effet un milieu où chacun est exposé au regard des autres, la jalousie et les rumeurs vont bon train et Murasaki n’apprécie pas d’être au centre de l’attention :
« Il est une personne que l’on nomme Saémon no Naïshi. Elle me voue étrangement et sans raison des sentiments hostiles que j’avais ignorés jusqu’à ce qu’il m’en était revenu de divers côtés des racontars perfides. Or un jour que l’Empereur se faisait lire le Dit du Genji, il s’était écrié : « Cette femme a dû lire la Chronique du Japon (une œuvre écrite en chinois) !Elle me paraît posséder un si grand savoir en vérité ! », ce dont celle-là s’était emparée aussitôt pour aller raconter à toute la Cour que j’étais une femme savante, ce qui m’a valu le surnom de « Madame la Chronique du Japon », charmante plaisanterie, certes ! Comme si j’allais, moi qui prends des précautions jusqu’en présence de mes propres suivantes, faire étalage de mon savoir en pareil lieu ! »
Elle ne s’entend également pas avec d’autres dames de cour qu’elle juge très sévèrement, notamment Sei Shônagon. Murasaki est au service de Shôshi, l’impératrice ayant succédé à la maîtresse de cette dernière. Sa présence dans la suite de l’épouse impériale sert d’ailleurs le même but que celle de sa rivale : la magnifier par la présence d’une dame cultivée. Si l’autrice écrit pour célébrer sa souveraine, elle cherche peut-être ainsi à déprécier la suite de la femme ayant précédé cette dernière. Qui plus est Murasaki avait peut-être conscience qu’elle allait être sans cesse ramenée et comparée à Sei Shônagon dans l’écriture de son roman.Il est également possible d’ajouter que Sei Shônagon se moque dans les Notes de chevet de la façon dont le mari de Murasaki s’était vêtu pour un pèlerinage.
« Sei-shônagon est une personne qui en impose en vérité par ses grands airs. Mais sa prétention de tout savoir et sa façon de semer autour d’elle les écrits en caractère chinois, à tout bien considérer, ne font que masquer de nombreuses lacunes. Ceux qui de la sorte se plaisent à se montrer différents des autres s’attirent forcément le mépris et finissent toujours très mal ; aussi les personnes qui affectent le bon ton vont-elles, jusque dans les circonstances les plus triviales, afficher une profonde émotion, et leur souci de ne laisser échapper la moindre occasion de briller les fait tout naturellement tomber dans une frivolité de mauvais aloi. Et comment, une fois parvenues à ce degré de frivolité, pourraient-elles connaître une fin heureuse ? »
Plus que tout, Murasaki se perçoit comme une incomprise. Malgré ses critiques acerbes, elle donne dans son journal l’impression d’être une femme honnête, très réservée et lucide sur la nature humaine :
« Celles-là, à la vue du visage que je m’étais composé, me croyaient renfermée et il m’est arrivé parfois de rester assise parmi elles, complètement désemparée. Ce n’est point tant que je craignisse la médisance, mais, excédée, je finissais par avoir l’air tout à fait égarée, ce qui fait que l’une après l’autre maintenant me dit : « Vous cachiez bien votre jeu ! Quand tout le monde vous détestait et pensant que vous étiez maniérée, distante, d’un abord peu amène, imbue de vos dits, prétentieuse et férue de poésie, et que, tenant les autres pour moins que rien, vous professiez à leur égard un souverain mépris, voici qu’on vous trouve étrangement bonne personne, à croire qu’il s’agit de quelqu’un d’autre ! »
(…)
Mais comme, en définitive mon comportement n’est que l’expression de ma véritable nature, Madame la Princesse elle-même à plusieurs reprises m’a dit : « Jamais je n’eusse espéré m’entretenir librement avec vous et voilà que vous m’êtes devenue plus familière que quiconque ! » »
L’une des fonctions principales d’une suivante est d’accompagner son employeuse en toutes circonstances. Murasaki lit ainsi fréquemment des histoires et de la poésie à l’impératrice. Contrairement à Sei Shônagon qui loue sa maîtresse en toutes occasions, Murasaki n’hésite pas à critiquer la sienne dont le caractère hautain rejaillit sur les gens de se suite et leur donne une réputation d’arrogance. Cependant, elle est aussi un mentor pour la jeune épouse impériale et lui apprend le chinois en secret.
Une courte biographie de Murasaki Shikibu, (1891), Adachi Ginkô (actif de 1874 à 1897)
Sur cette estampe, Murasaki présente son manuscrit à l'impératrice
Malgré son malheur à la cour, l’autrice y a peut-être rencontré l’amour. Certaines théories affirment en effet que Murasaki Shikibu aurait eu des liaisons homosexuelles. L’une de ses principales promotrices est la féministe japonaise Komashaku Kimi. Si cette hypothèse est évidemment influencée par son époque et les idées de sa créatrice, elle a néanmoins le mérite de susciter un débat. Certains passages du journal de Murasaki viennent en effet soutenir cette affirmation, notamment des poèmes échangés entre l’autrice et dame Koshôshô, la femme qui partageait sa chambre à la cour :
« Alors que j’écris la réponse à une lettre que m’a envoyée dame Koshôshô, le ciel soudain s’obscurcit et la pluie tombe en froids averse, aussi le messager me presse-t-il. « Le ciel lui-même est d’humeur morose… ! » ai-je écrit et j’ai dû y mêler quelque vers bancals. A la tombée de la nuit, la réplique vient, tracée d’une encre évanescente sur un papier de pourpre sombre :
Obscur est le ciel
D’épais nuages couvert
Qu’ainsi je contemple
De qui donc se languit-il
Pour verser ce flot de larmes
Je ne parviens à me souvenir de ce que j’ai bien pu écrire, aussi :
Fût-ce par ces pluies
De saison le ciel connaît
Certes des répits
Mais de moi qui le contemple
Jamais ne sèche la manche »
Ces poèmes pourraient tout aussi bien être des marques d’amitié. Cependant, d’autres écrits adressés par Murasaki à des femmes contiennent des métaphores généralement employées dans un contexte amoureux. Les commentateurs ont souvent considéré arbitrairement que ces échanges ne pouvaient pas avoir de tonalité romantique et que les images employées ne devaient pas être prises au sens littéral. Cependant, il est aujourd’hui possible d’affirmer avec certitude que ce genre de relation était loin d’être improbable à la cour.
« En revenant des appartements de Madame, je glisse un coup d’œil par la porte de dame Ben no Saïshô : c’est l’heure où elle fait la sieste. Sur des robes de couleur lespédèze, aster mauve et autres, elle a jeté un surtout rouge foncé, d’un lustre merveilleux, qu’elle a tiré sur le visage ; la tête appuyée sur la boîte d’une écritoire, le dessin de son front est d’une exquise délicatesse. Elle me fait penser à ces nobles demoiselles que l’on voit représentées sur les peintures, aussi retiré-je l’étoffe qui lui couvre la bouche, et quand je m’exclame : « Vous me faites penser à l’héroïne de quelque dit ! » elle lève les yeux : « Vous agissez comme une folle ! Réveiller ainsi sans égard quelqu’un qui dort, est-il permis ? » dit-elle, et la rougeur qui envahit son visage légèrement soulevé ne la rend que plus séduisante. »
D’autres prétendent également qu’elle aurait eut une liaison avec le père de l’impératrice car Murasaki et Michinaga ont échangé des poèmes. Cependant, il est là encore difficile de dire s’il s’agit d’un échange purement protocolaire entre gens éduqués ou s’ils sont l’expression de sentiments plus intenses. Rien ne prouve que Michinaga ait été intéressé par Murasaki pour d’autres raisons que son talent littéraire. Là encore, il est uniquement possible de spéculer. D’autant que l’autrice écrit se tenir loin de ce genre de soucis :
« Comme d’habitude nous (Murasaki et Koshôshô) partageons les mêmes lieux (…) Monseigneur daigne en rire : « Et si l’une de vous voulait s’entretenir avec quelqu’un que l’autre ne connaîtrait point…. ? » nous lance-t-il, sarcastique. Mais comme nous sommes l’une et l’autre loin de pareilles préoccupations, nous sommes bien tranquilles. »
Omi, la lune à Ishiyama, (1884), Yôshû Chikanobu (1838-1912)
Les œuvres de Murasaki
Murasaki Shikibu cumule les records, elle fait notamment partie des « trente-six génies de la poésie » de son époque. Cependant, elle est surtout connue pour son roman le Dit du Genji,qu’il est possible de considérer comme le premier roman psychologique de l’histoire de l’humanité. Celui-ci est une véritable pierre angulaire de la littérature japonaise et a connu de nombreuses adaptations, au cinéma (à la fois en prises de vues réelles tout comme en films et séries d’animation) et possède également son propre musée à Ôtsu. Une légende prétend que l’autrice en aurait commencé la rédaction en 1004 au temple d’Ishiyama, remplissant ses pages sous la lueur sereine de la lune, en contemplant les eaux du lac Biwa. Aujourd’hui, il est possible d’y visiter la chambre dite du Dit du Genji et d’y voir l’encrier dans lequel la dame aurait plongé son pinceau.
La lune à Ishiyama, (1889), Tsukioka Yoshitoshi (1839-1892)
« En quel règne je ne sais, parmi les Epouses Impériales et dames d’atour qui nombreuses servaient Sa Majesté, il en était une qu’entre toutes, et encore qu’elle ne fût de très insigne parage, Sa faveur avait pour l’heure distinguée. Celles qui par le principe avaient pu se flatter de l’emporter décriaient et jalousaient celle-là qui avait ruiné leurs espoirs » (Incipit du Dit du Genji)
L’engouement pour cet œuvre est immédiat du vivant de l’auteur : l’empereur et le régent Michinaga le lisent, des hommes lettrés en font l’éloge. Le Dit du Genji devient un classique en l’espace d’un siècle, il est d’ailleurs entièrement illustrée sur des rouleaux peints, ce sont les Genji emaki. L’empereur Juntoku (1197-1242) s’exprime à ce sujet et déclare que le Dit du Genji est « quelque chose d’inexplicable. » qu’il ne peut « être l’œuvre d’une personne ordinaire ». Une critique littéraire du XIIesiècle, le Mumyô Zôshi, rédigée par une femme anonyme, raconte les discussions de plusieurs dames occupées à décortiquer plusieurs ouvrages dont celui-ci. Son traducteur français, René Sieffert déclare enfin à propos du Dit qu’il s’agit du « roman psychologique le plus étonnant par sa subtilité et sa pénétration, qui ait jamais été écrit dans aucune langue ».
Le Dit du Genji est une véritable fresque qui comprend cinquante-quatre chapitres, deux mille pages et plusieurs centaines de personnages nommés. Ce roman-fleuve raconte entre autres l’histoire d’un prince, le Genji (titre donné à un fils d’empereur exclu de la succession impériale), séducteur doté d’une grande beauté. Cependant, réduire le roman à cela serait expéditif, en effet l’histoire fait intervenir de nombreuses intrigues et personnages secondaires et accorde une grande place aux personnages féminins.
Plusieurs approximations circulent parfois sur son contenu. La plus fréquente est que le Dit du Genji serait le reflet d’un monde idéalisé et son personnage principal une sorte d’homme idéal, de prince charmant. Voici un extrait décrivant certaines des héroïnes les plus marquantes du roman :
« Sur sa robe de dessus couleur prunier rouge, sa chevelure qui retombait en flot soyeux lui composait une silhouette, à la lueur de la flamme, d’une incomparable séduction ; cependant que celle de la dame Murasaki, laquelle portait, sur des robes de couleur foncée, lie-de-vin peut-être, la robe étroite à traîne d’un rouge-brun dilué, était d’une opulence telle que, amassée au sol, elle lui conférait une idéale et radieuse beauté qui paraissait répandre son éclat tout à l’entour. En termes de fleurs, eût-on évoqué le cerisier qu’on eût été loin de la vérité, tant son maintien défiait toute comparaison.
En pareille compagnie, la dame d’Akashi eût dû être écrasée, or il n’en était rien ; ses façons élaborées en imposaient, et l’on eût aimé à connaître le fond de son cœur, cependant qu’il se dégageait d’elle une impression indéfinissable de noble distinction. Elle était vêtue d’une robe étroite à traîne couleur saule, sur une robe de tissus vert-jaune, semblait-il, avec une jupe longue d’étoffe légère à peine visible, tenue des plus modestes mais que son maintien étudié, et ce que l’on savait d’elle, interdisait de traiter par le mépris. »
Wakamurasaki du Dit du Genji, (1841 ?), Utagawa Toyokuni III/Kunisada (1786-1864)
Scène du Dit du Genji attribuée à Tosa Mitsuoki
Si de nombreux passages dépeignent en détail le faste de la cour, le monde décrit dans ce roman reste très sombre. Murasaki choisit de se focaliser sur les aspects les plus difficiles de la condition féminine de l’époque, racontant principalement des histoires de femmes soumises à la convoitise des hommes et délaissées par des maris volages. Jacqueline Pigeot le souligne d’ailleurs en faisait un parallèle avec les Mémoires d’une éphémère, une biographie qui a peut-être influencé Murasaki :
« Je dirai, par parenthèse, que, si le Genji ressemble pour certains traits à Kaneie (élégance, talent poétique, goût des femmes, alternance d’attentions délicates et de mufleries), il est beaucoup plus retors, plus pervers, et montre à l’occasion une grande violence à l’égard des femmes : rares sont sans doute les romans où les scènes de viol sont si nombreuses ; il est aussi beaucoup moins drôle. Pour moi, si Murasaki Shikibu ne cesse de répéter qu’il est admirable, c’est pour compenser l’effet désastreux que sa conduite produit sur le lecteur… »
Cette crainte de la violence masculine est d’ailleurs exprimée par Murasaki dans son journal :
« Une nuit que je dors dans ma chambre qui donne sur le passage couvert, j’entends quelqu’un frapper à la porte, mais, effrayée, je ne souffle mot, et le lendemain au point du jour :
Plus affligé certes
Que le râle d’eau qui crie
Toute la nuit
Me suis morfondu frappant
A la porte de cyprès
En retour :
Pouvais-je tranquille
Au râle d’eau qui frappait
Entrouvrir ma porte
Si je l’eusse fait qui sait
J’eusse pu m’en repentir »
Comme souligné précédemment, sa vision des relations entre hommes et femmes est très pessimiste, tranchant d’ailleurs avec ce qui peut-être lu dans les Notes de chevet ou les Mémoires d’une éphémère dont les narratrices sont bien plus affirmées et émancipées. Pour citer de nouveau Jacqueline Pigeot :
« Akiyama Ken a relevé dans le roman quinze propositions générales concernant les femmes, leur sort, leur destin, etc., cela, en général, pour les plaindre. Visiblement, Murasaki Shikibu a mené une certaine réflexion sur la condition féminine. On remarque par ailleurs qu’aucune des figures de femme du Genji monogatari ne possède la forte personnalité, le goût de l’indépendance de la mère de Michitsuna, telle qu’elle se donne à voir dans les Mémoires. Celle-ci résiste à Kaneie, ne craint pas de se chamailler avec lui, lui tient tête, lui refuse à l’occasion sa porte. En maint épisode, on voit qu’il existait entre eux une relation d’égal à égal, soit qu’ils s’affrontent, soit qu’on les sente complices, relations comme on n’en voit pas entre femmes et hommes dans le Genji. »
Ainsi, Murasaki Shikibu était « peut-être féministe en théorie », contrairement à une mère de Michitsuna « féministe en pratique » qui se montre forte et indépendante mais sans en tirer une réflexion générale sur sa condition de femme. Chacun des personnages du Dit du Genji est caractérisé avec soin et l’autrice parvient ainsi à livrer des portraits de femmes très marquants. Si celles-ci sont belles et cultivées, leur force vient avant tout de leur résilience devant les épreuves qui leurs sont imposées.
Elles ont également droit à des moments où elles affirment leur subjectivité. Lorsque Murasaki (le personnage) déclare au Genji : « Je suis moi ! », elle proclame ainsi qu’elle n’est pas que son ombre ou une personne qui ne vit que pour lui. Komashaku Kimi théorise d’ailleurs que le personnage du Genji n’est d’ailleurs qu’un moyen pour l’autrice de raconter les histoires des femmes qui gravitent autour de lui, notamment celle de Murasaki. Après la mort de cette dernière, le prince disparaît en effet de l’histoire et son décès n’est pas raconté, comme s’il n’était plus d’aucune utilité pour le déroulement de l’intrigue, tant et si bien que certains ont imaginé que cet épisode faisait l’objet d’un chapitre disparu.
Elles ont également droit à des moments où elles affirment leur subjectivité. Lorsque Murasaki (le personnage) déclare au Genji : « Je suis moi ! », elle proclame ainsi qu’elle n’est pas que son ombre ou une personne qui ne vit que pour lui. Komashaku Kimi théorise d’ailleurs que le personnage du Genji n’est d’ailleurs qu’un moyen pour l’autrice de raconter les histoires des femmes qui gravitent autour de lui, notamment celle de Murasaki. Après la mort de cette dernière, le prince disparaît en effet de l’histoire et son décès n’est pas raconté, comme s’il n’était plus d’aucune utilité pour le déroulement de l’intrigue, tant et si bien que certains ont imaginé que cet épisode faisait l’objet d’un chapitre disparu.
Le roman se termine d’ailleurs lorsque l’héroïne de la dernière partie décide de ne pas répondre à un ancien amant et de devenir religieuse après avoir réchappé à une tentative de suicide car elle se trouvait désirée par deux hommes. Elle choisit son destin et cesse non seulement d’être un objet de convoitises, mais devient alors un individu plein et entier. L’entrée dans les ordres est d’ailleurs vue comme une libération pour de nombreux personnages féminins du roman. L’héroïne en question, Ukifune, pourrait d’ailleurs même être un portrait de l’autrice, elle même préoccupée par la question de la foi et de son salut et ayant enfin trouvé la vérité et la lucidité. Cette femme, qui a connu les faiblesses du cœur humain, finit par les transcender.
Voici quelques extraits la mettant en scène :
Ukifune refuse d’entrer dans un échange galant avec un homme de passage, malgré l’insistance de la femme qui l’a recueillie :
« La jeune femme cependant ne pouvait se résoudre à entrer dans ce jeu futile, et puis, songeait-elle, si elle se laissait faire une fois, à chaque occasion il ne manquerait pas de l’importuner de la sorte, aussi ne répondait-elle même plus, ce qui finit par les décourager toutes.
(…)
Ses lettres se suivaient, insistantes, importunes, comme le vent dans les feuillages des roseaux, et la jeune femme peu à peu se ressouvenait des multiples occasions qui lui avaient, fait comprendre combien opiniâtre était le cœur de l’homme ; aussi, souhaitant qu’on lui permît au plus tôt d’embrasser un état qui la mît une fois pour toutes à l’abris de pareilles entreprises, s’exerçait-elle à lire les Ecritures. Du fond de son cœur, de même, elle implorait les Bouddhas »
Ukifune devient nonne :
« La jeune femme se dit qu’il fallait cette fois vaincre sa timidité et demander au prélat de faire d’elle une nonne, car c’était le moment où jamais en l’absence de celle qui n’avait pas manqué d’y objecter, aussi se leva-t-elle.
« Je me sens très mal en point, et puisque le Maître des Moines va descendre de la montagne, j’ai l’intention de lui demander de m’ordonner des observances. Vous plairait-il de l’avertir ? » dit-elle à la vieille dame, qui acquiesça en dodelinant de la tête.
(…)
-La nuit me paraît bien avancée ! Descendre de la montagne jadis ne me coûtait guère mais, l’âge venant cela me devient de plus en plus pénible, aussi pensais-je me reposer un moment avant de me rendre au Palais. Cela dit, pour répondre à votre impatience, je vais satisfaire à vos vœux aujourd’hui même » dit-il, paroles qui la remplirent de joie.
Elle prit des ciseaux et les lui présenta sur le couvercle de son coffret à peignes.
« Or çà mes révérends, venez céans ! » appela-t-il.
Et il fit entrer deux des moines qui les premiers l’avaient découverte et qui, ce jour-là aussi, l’accompagnaient :
« Faites tomber cette chevelure ! » ordonna-t-il. »
Ce roman reste en tout cas un chef-d’œuvre puissant qui ne cesse de fasciner à travers les époques. Murasaki a su donner ses lettres de noblesse à la langue japonaise, s’est emparée de cet espace réservé aux femmes pour le transcender et ainsi porter le genre peu considéré du roman ou monogatari à un niveau qu’il n’avait jamais atteint. S’il est difficile d’accès car sa lecture ne peut se faire sans une connaissance minimale de l’époque qu’il décrit et par ce que les personnages ne sont pas désignés par des prénoms mais par des surnoms ou des titres, il n’en reste pas moins que le Dit du Genji reste à même de toucher et d’émouvoir car il traite avant tout de sentiments humains intemporels avec beaucoup de justesse.
Enfin, Murasaki a également écrit un journal, mélange de descriptions d’évènements officiels et de commentaires intimes, ce qui nourrit certaines hypothèses laissant penser que Murasaki l’écrivait pour sa fille Kataiko afin de la préparer à la vie à la cour.
Perdue dans les brumes
« Bah, désormais je ne surveillerai plus mes paroles ! Que l’on dise ceci ou cela, je mets toute ma foi en le bouddha Amida, et sans relâche je vais me consacrer aux Ecritures. Et puisque tous les misérables soucis de ce monde ne sont plus pour moi que rosée, je devrais m’efforcer sans faillir d’atteindre à la sainteté ! Toutefois, même si l’on tourne délibérément le dos au monde, il semble bien que, avant de monter sur le nuage de la délivrance, l’on doive plus d’une fois trébucher. Et c’est bien cela qui me fait hésiter ! J’ai pourtant atteint l’âge le plus convenable pour me retirer…Quand la vieillesse m’aura d’avantage diminuée, mes yeux obscurcis ne pourront plus déchiffrer les Ecritures et mon esprit aura sombré dans la torpeur (…) Cela dit, il n’est pas du tout certain qu’un être endurci dans ses fautes puisse réaliser ce dessein de salut. Lorsque je vois se multiplier les preuves du poids de mes vies passées, à tout propos je me sens envahie de tristesse. »
Ce qu’il advint de Murasaki après 1010 est de nouveau l’objet de nombreuses hypothèses. La date de sa mort est, comme celle de sa naissance, un mystère. Les scénarios possibles la situent entre 1014 et 1031. Premièrement, une source indique qu’elle était possiblement encore en vie en 1025, date à laquelle sa fille devient nourrice du prince impérial. Cependant, Murasaki n’est plus mentionnée parmi les dames en service en 1031, ce qui signifie qu'elle n'est peut-être plus de ce monde.
En 1928, la poétesse féministe Yosano Akiko s’intéresse à son cas et déclare que Murasaki est probablement morte en 1015 et 1016 car aucun de ses poèmes n’est postérieur à cette date. De plus, c’est en 1016 que son père devient moine bouddhiste et ce geste pourrait alors s’expliquer par le décès de sa fille.
D’autres se basent sur la préface d’un poème composé en 1014 à la mort de « Shikibu no kimi » pour faire de cette date celle du décès de l’autrice. Cependant, d’autres années, telles que 1019 ou 1031 sont également proposées sur cette même base. De ce fait, le débat est très loin d’être tranché.
Son roman continue de parler pour elle. Comme l’écrit Felice Fisher, le père de Murasaki avait beau se lamenter à propos du fait que sa fille n’ait pas été un homme, cependant si elle en avait été un, elle n’aurait sans doute jamais écrit le Di du Genji et la littérature mondiale aurait beaucoup perdu.
L’héritière de Murasaki
Difficile de terminer cet article sans mentionner le devenir de Kataiko, la fille de Murasaki qui devint également une poétesse reconnue. Sa mère, qui n’aimait pourtant pas la cour, a réussi à en faire une dame accomplie car Kataiko eut une brillante carrière à la capitale. Elle y est d’abord connue sous le surnom d’Echigo no Ben, sans doute car son grand-père avait été gouverneur de la province d’Echigo. En 1023, elle épouse un des neveux de Fujiwara no Michinaga, Tametaka et donne naissance à un fils. En 1025, elle devient nourrice du futur empereur Gô-Reizei.
Vers 1030, elle se marie de nouveau, cette fois avec Takashina Narinori qui se voit confier le poste d’assistant gouverneur général de Kyushu (daini) en 1054 tout en étant élevé au troisième rang de cour (sanmi). Kataiko est alors appelée Daini no Sanmi en référence à la nouvelle fonction de son conjoint.
Kataiko s’est surtout distinguée dans la sphère poétique, un recueil personnel compile ses créations et trente-sept d’entre elles ont été sélectionnées pour faire partie d’anthologies impériales, ce qui est une marque de son talent. Elle aurait peut-être écrit un récit en prose, le Sagoromo monogatari, lequel présente un certain nombre de ressemblances avec le Dit du Genji. Elle meurt vers 1070, âgée de plus de soixante dix ans.
Je tenais également à vous remercier pour votre fidélité, vos lectures, partages et commentaires. Je vous souhaite à tous une très bonne fin d’année et que 2019 soit riche en promesses et en accomplissements ! J’espère vous avez apprécié cet article sur cette grande autrice et je vous dit à la prochaine fois !
Articles liés
Sei Shônagon : Rivale et contemporaine de Murasaki, autrice d’une autre œuvre remarquable : les Notes de chevet
Izumi Shikibu : Contemporaine de Murasaki, l’une des plus grandes poétesses de son époque
Sources
Ecrites
Murasaki Shikibu, René Sieffert (trad.), Le dit du Genji, Paris, Diane de Selliers, 2008.
Murasaki Shikibu, René Sieffert (trad.), Journal de Murasaki-shikibu, Paris, POF, 2000.
Murasaki Shikibu, René Sieffert (trad.), Murasaki-shikibu Poèmes, , Paris, POF, 2000.
Sitographie
« Kerria Rose », Lizadalby.com, repéré à : http://www.lizadalby.com/LD/TofM_Kerria_R.html, dernière consultation le 15 décembre 2018.
Yotov Yoto, « Murasaki Shikibu, « Le Dit du Genji tome 1 : Magnificence » Notes du mont Royal, 2011, repéré à : https://www.notesdumontroyal.com/note/120, dernière consultation le 15 décembre 2018.
Emissions de radio
« Le dit du Genji »,Les Grands textes fondateurs, France culture, 26 décembre 2012, repéré à : https://www.franceculture.fr/emissions/tout-un-monde/le-dit-du-genji-yuan-shi-wu-yu-genji-monogatari-notre-serie-sur-les-grands, dernière consultation le 15 décembre 2018.
Bibliographie
Ouvrages sur l’histoire du Japon
Fisher Felice, « Murasaki Shikibu : the court lady », Mulhern Chieko Irie (éd.), Heroic with grace legendary women of Japan, New York, East Gate, 1991, pp. 77-128.
Mostow Joshua S., Pictures of the heart : The Hyakunin Isshu in word and image, Honolulu, University of Hawaii press, 1996.
Pigeot Jacqueline, L’âge d’or de la prose féminine au Japon (Xe-XIesiècle), Paris, Les Belles Lettres, collection « Japon », 2017.
Tyler Royall, The disaster of the third princess: essays on the tale of Genji,Acton, Australian national university press, coll. « Asian studies », 2009.
Travaux universitaires
Komashaku Kimi, Yoda Tomiko (trad.), « A feminist reinterpretation of « The tale of Genji » : Genji and Murasaki », U.S.-Japan women’s journal. English supplement, n°5, 1993, pp. 28-51.
Pigeot Jacqueline, « Du Kagerô nikkiau Genji monogatari », Cipango, Hors-série : « Autour du Genji Monogatari », 2008, pp. 69-87.
Tyler Royall, « « I am I » Genji and Murasaki », Monumenta Nipponica, vol. 54, n°4, 1999, pp. 435-480.
Magnifique article, à la hauteur de la personnalité présentée ^^ Murasaki Shikibu est un des auteurs les plus importants de la littérature japonaise et cet article a fait un excellent travail en présentant l'écrivaine ainsi que son oeuvre. Encore bravo !
RépondreSupprimer